Conférence de presse du 28 février 03

Allocution de Kamal Benmarouf


 Je suis Kamal Benmarouf. Je suis citoyen de Trappes, d’origine maghrébine et de confession musulmane. Je suis professeur agrégé de mathématiques, et donc fonctionnaire de la République, au lycée de la Plaine de Neauphle, dans ma ville, à Trappes.

 Comme tout individu doit l’être, je suis fier de ce que je suis et je revendique mes origines et ma confession religieuse comme parties intégrantes de mon identité. Dans le même temps, je suis fier d’être citoyen de la République Française et de servir l’Etat et le Peuple en éduquant les futurs citoyens.

 Je ne cacherai pas que cet article, en première lecture, m’a choqué. Comme beaucoup de citoyens d’origine maghrébine et de confession musulmane, je ne supporte plus le climat délétère engendré par la stigmatisation permanente de tout ce qui est arabo-musulman. Halte à l’équation paranoïaque Islam = terrorisme !

 Mais je ne me contente jamais d’une seule lecture, surtout quand je me sens aussi choqué. J’ai bien trop peur que la passion l’emporte sur la raison. J’ai donc relu l’article calmement. Il me semble que l’on peut reprocher la maladresse des deux journalistes, mais comment l’éviter lorsque l’on aborde un sujet aussi délicat. Par contre, il apparaît clairement que Sylvie Mérillon et Marie-Laure Ségal ne font que témoigner, et ce dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignants.

 Comme individu de confession musulmane, en privilégiant la raison à la passion, je ne vois là rien d’insultant envers ma religion. Les exemples cités montrent que certains jeunes trappistes, en petit nombre comme le reconnaît explicitement Marie-Laure Ségal, commettent des dérapages. Il faut calmement étudier les causes de ces quelques incidents, qui tiennent plus des graves difficultés sociales de notre ville que du dogme religieux en lui-même. Dommage que l’article n’explore pas cette voie. Mais, en tout cas, on ne règlera rien en se taisant, on ne fera qu’augmenter la pression jusqu’à l’explosion finale. En cela, l’attitude de l’UMT me semble suicidaire. Pourquoi n’a-t-elle pas relevé le gant en exigeant un droit de réponse ?

 Comme citoyen de la République Française, attaché aux valeurs de notre Nation, je pense qu’il est du devoir des enseignants de défendre inlassablement l’exercice de la raison et de l’esprit critique chez les élèves. Sylvie Mérillon et Marie-Laure Ségal, à la lecture de l’article, sont bien restées dans ce cadre et je ne peux donc que les soutenir. Leur attitude ainsi fondée doit conduire à la réflexion et au débat, mais l’UMT ne trouve à répliquer que par une procédure judiciaire. Chacun pourra juger où est l’intolérance.

 Il m’est pénible de m’opposer aujourd’hui à quelques-uns uns de mes coreligionnaires, mais l’Islam et la République, chacun à sa manière, m’enjoignent de défendre avant tout ce qui est juste.

 Je vous remercie.
 

Kamal BENMAROUF, février 2003
Retour