Le Parisien, jeudi 30 octobre 2003

Trappes - Les poursuites contre les enseignantes sont prescrites

C'EST FINI. L'affaire Merillon-Segal, du nom de ces deux enseignantes poursuivies en justice par l'Union des musulmans de Trappes, est bel et bien terminée. En décembre 2001, interrogées par « le Monde de l'éducation », elles évoquaient le cas d'une école sur Trappes qui dispense des cours d'arabe et de culture coranique. Selon elles, les élèves en reviendraient « avec des propos racistes ou sexistes ». L'Union des musulmans de Trappes avait alors porté plainte pour « injures par voie de presse ». Cinq mois après leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Versailles, Sylvie Merillon et Marie-Laure Segal n'ont toujours pas reçu de citation à comparaître, alors que celle-ci doit arriver dans les trois mois après l'ordonnance. Les poursuites contre les deux enseignantes sont donc prescrites. « L'absence de jugement nous laisse un goût d'inachevé. Nous déplorons que la procédure n'ait pas été menée à son terme, ce qui nous aurait conduites à nous défendre sur les termes de la plainte déposée contre nous... », explique Marie-Laure Segal, ancienne professeur de philosophie et aujourd'hui responsable associative. « Il ne s'agit en aucun cas d'un accord à l'amiable », insiste Sylvie Mérillon. Les hypothèses se bousculent pour expliquer cet « oubli », phénomène rare dans les annales judiciaires. Retrait de plainte, abandon des poursuites ? En fait, il s'agit d'une erreur matérielle. La citation à comparaître n'a tout simplement pas été envoyée dans le délai de trois mois par le tribunal de Versailles. Ce qui a pour effet d'annuler les poursuites. De quoi soulager ou rendre amers les supporters des deux enseignantes. Après leur mise en examen, un comité présidé par Michel Espinat, conseiller général des Yvelines, avait lancé une pétition pour soutenir Marie-Laure Ségal et Sylvie Mérillon. A ce jour, plus de 1 500 signatures ont été récoltées dans toute la France et même dans certains pays étrangers. « On passe maintenant à autre chose, confient-elles. Nous allons enfin nous consacrer pleinement à la défense de la laïcité. »

Mehdi Gherdane