COMITE DE SOUTIEN
Fin du comité
de soutien, lire le communiqué
Article
dans L'Humanité du 8 décembre
Article paru dans Le Parisien
le 30 octobre 2003
Conférence de presse du 28 février 2003 (allocutions de Kamel Benmarouf, Marie-Laure Segal et Michel Espinat)
Mme Sylvie MERILLON, Directrice d'école à TRAPPES, Maire
Adjointe, ainsi que Mme Marie-Laure SEGAL, professeur de philosophie retraitée
et responsable associative à TRAPPES, ont été mises
en examen devant le Tribunal de Grande Instance de VERSAILLES, à
la suite d'une plainte déposée par l'Union des Musulmans de TRAPPES
pour « injures par voie de presse envers un groupe de personnes, à
raison de leur appartenance à une religion déterminée ».Ceci
à la suite de la publication d'un article du « Monde de l'Education
» de décembre 2001 (cet article est à lire en ligne ci-dessous).
Un COMITE DE SOUTIEN avait été constitué,
sous la Présidence de M. Michel ESPINAT, Conseiller Général
, et appelAIT à signer un texte pour qu un débat démocratique
se développe sur ces questions, et pour que la plainte déposée
contre Mmes Sylvie MERILLON et Marie-Laure SEGAL soit reconnue sans
fondement. Adresse du Comité de Soutien : Mouvement de la Paix / M.R.A.P.
: 3 Sq. Yves Farges 78190-TRAPPES. Soutien financier : CCP 4821249
D. La SOURCE.
L'article en cause : Marc DUPUIS et
Nicolas TRUONG, "A Trappes, l'école coranique sème le trouble",
Le Monde de l'éducation, décembre 2001,
p. 33
COMPOSANTES de la paix sociale ou artisanes du repli communautaire ?
Les écoles coraniques françaises interrogent, inquiètent,
rassurent ou divisent. En France, on en dénombre environ 600, toutes
rattachées à des lieux de prière répertoriés,
et fréquentées par environ 35 000 jeunes. Selon les renseignements
généraux, les salles de prière « clandestines
» ne posséderaient pas d'écoles coraniques attenantes.
Après les événements du 11 septembre, ces écoles
chargées d'enseigner l'arabe et le coran, parfois d'assurer l'aide
aux devoirs, continuent de diviser l' opinion. Trappes (Yvelines), ville
de 30 000 habitants de la grande banlieue parisienne, n ' échappe
pas à la règle. Coupée en deux par la RN 10, la commune
est pourtant fière d'être la pionnière d'un creuset populaire
associatif et artistique. D'un côté, la cité des Merisiers,
avec sa halle culturelle, son commissariat transformé en bunker et
son centre commercial spécialisé dans la boucherie halaI. De
l' autre, le vieux Trappes et ses quartiers rénovés. Rue Jean-Jaurès
principalement, où commerces et mairie sont coincés entre d'innombrables
boîtes d'intérim. Fraternité communautaire d'un côté,
mais aussi coups de poing, voire coups de feu entre bandes rivales, assure-t-on
au commissariat. Rendez-vous conviviaux au Coup de foudre, de l'autre, «le»
restaurant au sein duquel tout ce que Trappes compte d'acteurs sociaux, économiques
ou politiques se retrouve.
Après soixante-treize ans de domination
communiste, la municipalité est, depuis les dernières élections,
passée du côté des (apparentés) socialistes.
Mais, vue du quartier de la Merise, le temps des cerises paraît bien
loin. Le chômage s'installe, la délinquance piétine le
quotidien. Et, pour beaucoup, les signes de repli communautaire d'une population
qui compte 75% de citoyens d'origine étrangère sont prégnants.
« Je constate que le port du voile, et même du tchadri, a singulièrement
augmenté depuis trois ans », indique le maire, Guy Malandain.
Lieu de culte et d'enseignement, la «mosquée» de Trappes
est-elle liée à cette résurgence ? « A ce que je
sache, non. Car la participation musulmane à Trappes est parfaitement
républicaine», assure-t-il. D'ailleurs, les relations et discussions
du maire avec nombre de représentants de l'Union des musulmans de Trappes
(UMT), organisatrice des activités de la « mosquée »,
sont mêmes « amicales et cordiales» confie-t-il.
Plus officiel, pas plus intégriste
En attendant la véritable mosquée -avec lieu de prière,
centre culturel et une dizaine de salles d'études coraniques -qui
devrait être enfin construite en 2002, les musulmans de Trappes s'entassent
pour prier dans un rez-de-chaussée vétuste d'HLM loué
à la municipalité. Les jours d'affluence, le local ne peut
contenir la foule des croyants, qui déborde sur le parvis avoisinant.
En dehors des temps de prière, l'UMT dispense un enseignement coranique
les mercredis, vendredis et samedis. La nouvelle mosquée rendra plus
officielle la religion musulmane qui, insiste Guy Malandain, « accède
à une reconnaissance publique et s'affiche donc plus sans que cela
signifie une progression de l'intégrisme ».
Un ton apaisant que son adjointe, Sylvie Mérillon, directrice de
l'école primaire Maurice- Thorez et membre du collectif Croyance et
laïcité, ne partage pas. « Mes élèves reviennent
de cette école avec des propos racistes ou sexistes », déclare-t-elle,
affirmant que 80% de ses élèves d'origine marocaine (qui représentent
près de la moitié de l'école) la fréquentent.
« Il n 'y a pas que les signes religieux ostentatoires qui ont augmenté,
insiste-t-elle, mais également les comportements intolérants,
notamment à l'égard des femmes enseignantes, les tensions entre
ethnies aussi, comme les soupçons des mères quant au contenu
de notre enseignement. Pour faire respecter la loi scolaire qu'enfants et
parents contestent de plus en plus, des parents me demandent de faire comme
à l'école coranique, c est à dire de taper les élèves
sur les doigts. » Présidente de Croyance et laïcité,
ancienne professeur de philosophie au lycée de La Plaine-de-Neauphle,
à Trappes, et fervente militante d'une pédagogie résolument
républicaine, Marie-Laure Ségal se montre très inquiète.
« C'est la loi scolaire qu'ils refusent et la vérité qu'ils
prétendent détenir. En philo, inutile de distinguer le fait
d'avoir raison et d'avoir des raisons, ce qui suppose l'argumentation rationnelle
», affirme-t-elle. Il y a deux ans, les élèves s'opposant
aux thèses rationalistes étaient peu nombreux 3 ou 4, reconnaît-elle,
mais « perturbants ».
Un déficit de compréhension
Les anecdotes, cependant, ne manquent pas. Une rencontre conférence
sur Darwin lors de la fête de la science, par exemple, se solda par
quelques sarcasmes sur le biologiste qui, selon ces élèves,
« ne ferait que prétendre l'évolutionnisme ».
Un autre débat, sur l homosexualité, suscita de la part d'un
élève « l'attribution de ce comportement sexuel à
l'emprise de Satan».
Mais, lorsqu'il s'agit d'aborder le contenu des enseignements, les contempteurs
de cette école ne peuvent arguer d'aucun témoignage direct.
L'imam Molalle Kamalodine, réfugié politique afghan, secondé
par Jaouad Alkaliki (président de l'UMT), à la tête de
la mosquée de la ville, sont ainsi jugés plutôt réfractaires
à tout débat et à toute confrontation. Les invitations
au dialogue du collectif Croyance et laïcité sont restées
lettres mortes. Mais, à l'exception d'un agent social qui, lors d'une
brève incursion, constata que des propos sexistes sur les femmes étaient
indûment tirés du Coran, peu de choses tangibles à reprocher
à cette mosquée qui « n'est pas signalée »
à l'attention des renseignements généraux.
Khalil Aram, jeune étudiant de Trappes en BTS -Force de vente, fréquente
quotidiennement la mosquée et affirme n'avoir «jamais été
raccolé par des fondamentalistes ». Un constat que confirme sa
mère, Khadija Aram, par ailleurs déléguée aux
affaires religieuses à la mairie. « Aucun fait notoire de prosélytisme
n'entoure ce lieu de prière » qui, soutient-elle, est plutôt
discret. Nadir Ioulain, scénariste compositeur et jeune musulman
d'origine algérienne, soutient qu' « aucune dérive extrémiste
n'est à observer », notamment à la mosquée d'Elancourt,
située sur 1'ensemble des communes de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines
dont Trappes fait partie. « La compréhension fait défaut
», conclut- il. On ne saurait mieux dire.
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